C'est au printemps 2009 que l'envie d'une TR7 m'a rattrapé, j'y avais souvent pensé, mais temps, argent, famille... et puis c'est revenu après avoir acheter la doc publicitaire d'époque sur Ebay.
Je n'en pouvais plus de ma Spitfire, trop.... et puis avec ma Muréna ça irait bien une TR7 (j'aime les voitures pointues).
J'ai d'abord voulu revoir en vrai et essayer une TR7, un professionnel en avait une à vendre pas loin de chez moi (en provenance du Texas, pas terrible, les stromberg remplacé par des SU, la clim enlevé à l'arrache, un peu de rouille, l'intérieur cuit par le soleil texan et chère), mais ça me plait, la confirmation était là, je voulais une TR7 cabriolet!
Après avoir consulté l'offre en France (peu abondante et chère dans l'ensemble) je me suis dit que le mieux serait peut être d'aller voir à la source en perfide Albion.
Oui mais conduite à gauche, volant à droite! Qu'à cela ne tienne, j'ai conduit des anglaises en grande Bretagne (ma soeur vit en Ecosse ), des françaises en grande Bretagne, des françaises en France, alors pourquoi pas une anglaise en France.
J'ai vite trouver des pistes favorables, prix, voitures améliorées, état... J'ai fait mes comptes et listé mes priorités:
Un cabriolet de fin de production fabriqué à Solihull pour la fiabilité et la qualité d'assemblage.
Un modèle sain sans rouille ou alors très superficielle, avec une mécanique suivie et en bon état.
Une couleur que j'aime (bleu, gris, vert, surtout pas de jaune ou de rouge).
Des améliorations pour la sportivité et la fiabilité.
Une capote en tissus si possible.
Fin 2009 le gral semble trouvé sous la forme d'un cabriolet argent né à Solihull avec 57000 miles, intérieur navy blue à moins de 3000 Livres. Après contact via le net, ce n'est qu'une série de bonnes nouvelles qui arrivent, MOT passés depuis l'origine et surtout toutes les modifs qui me tentaient ou presque, à savoir:
Collecteur d'échappement sport 4 en 1, ligne et silencieux inox sport.
Filtre à air K&N avec remplacement des aiguilles de carburateurs.
Suppression du ventilo à visco-coupleur remplacé par un électrique à déclenchement themostatic et au tableau de bord.
Allumage électronique LUMINENTION.
Radiateur d'huile.
Démarreur à couple élevé.
Freins avant de Ford Capri 2L8 disque ventilés.
Kit anti-plongé.
4 amortisseurs récents montés comme le subframe avant sur polybush.
4 pneus Michelin récents montés sur 4 jantes Raceline en 14 pouces.
Traitement Zibart anti corrosion.
Arceau Alley Paddle (j'aime moyen pour le look, mais c'est plus sûr et ça rigidifie).
Capote en mohair bleu (superbe).
Couvre capote neuf.
Joint de culasse et chaine de distribution récemment changés, plus diverses autres bricoles maitre cylindre de frein, récepteur d'embrayage, câble d'accélérateur... dénotant un suivi sérieux.
Un long questionnaire en anglais est envoyé au vendeur qui prend soin de me répondre de façon détaillée (ce questionnaire est disponible sur demande via le site) avec moult photos, le courant passe bien, les échanges deviennent sympathiques, le prix est négocié à la baisse 100 Livres de moins, il ne faut pas insister, ce n'est pas la même mentalité que les Puces ou le Sentier si vous voyez ce que je veux dire; je verse un acompte de 200 livres par virement bancaire.
Démarches pour les transports planifiés pendant les vacances scolaires de Paques, la voiture est à Poole (cote sud), je prendrais le train de Paris à Cherbourg (20 euro en billet prems), puis un navire rapide pour Portsmouth 60 euros, arrivée en fin d'après midi le mardi 20 avril.
L'idée est ensuite de rouler de nuit pour attraper un ferry de la Norfolk à Douvres au petit matin (17 euros), et ainsi avoir tout mon temps pour faire les 350 Km et même dormir un peu. Toutes mes réservations sont prises sauf le ferry retour, j'hésite encore sur l'heure.
Jeudi 15 avril patatras tout s'effondre, Britanny ferries me contacte et m'informe que le bateau rapide est en panne à Portsmouth pour au moins 3 semaines, ils me proposent en remplacement soit un départ le même jour de Ouistréham, ou un départ de Cherbourg le lundi 19 au soir ou mercredi 21 le soir, en bateau normale (sous entendu lent, 10 heures de traversée) quand je fais la remarque « quoi 10 heures, ça va être mortel, qu'est ce que je vais faire pendant tout ce temps en pleine nuit » on m'informe que compte tenu des circonstances une cabine m'est gracieusement offerte, c'est mieux tout de même.
Il faut donc tout reparaméter, appelez Peter le vendeur, et déplacé le RDV du mardi soir au mardi matin, reprendre un billet de train pour le lundi et là je perds le prems (ni échangeable ni remboursable), GRRRR! réservé le ferry retour départ 22H00 de Dover. Avec une arrivée le matin à Portsmouth à 9H00 ça devrait être tranquille pour le timming, je déteste me presser.
Pour le règlement, Peter comme tous les anglais veut du cash, j'avais au début penser prendre les livres à ma banque, mais vu la commission qu'ils se mettent, j'ai renoncé. Les changeurs parisiens s'imposent, mais comme j'ai une VISA gold, un truc d'on je ne me sert jamais offert par la banque à l'essais, c'est l'occasion, il suffit de demander à mon agence une autorisation de retrait exceptionnel ce que j'ai fait le 16 avril.
Lundi 19, RER A, train à la gare Saint Lazare, arrivée à Cherbourg vers 20H00, un petit casse croute et marche j'usqu'au port, c'est loin, plus de ¾ d'heure à pieds avec le sac sur l'épaule ça tire.
Départ 23H25, cabine très confortable avec douche, j'ai bien dormi, finalement c'est bien, j'arrive en super forme après une bonne douche au réveil, par contre le petit déjeuner est hors de prix, on verra plus tard.
Descente du bateau vers 9H00, je repère immédiatement Peter, il tient à la main une pancarte à mon nom, je tiens moi une pub de la TR7, salutations sympathiques. Peter qui vient de Poole (80Km) est accompagné d'un ami Steve, Triumphiste lui aussi, sorry TR Driver (TR 6).
Ca y est je la vois pour de vrai, aucune mauvaise surprise, nous faisons un bon tour, je suis envouté par le son de l'échappement (rien à voir avec une TR7 lambda), à moi le volant, wouaaah elle a la pêche (la petite préparation moteur lui a fait du bien, c'est sur), je regarde tout, me couche dessous, teste tout ce que je peux « All right Peter, all is perfect, it's OK ».
Nous trouvons un DAB, je mets la carte et là catastrophe: retrait maxi 200 livres!!!!!!!!! C'est quoi ce cirque?
Je demande à aller dans une banque pour un retrait au guichet, la 1ère trouver SANTANDER déclare que l'opération est impossible et qu'il faut aller dans un bureau de poste!
Au bureau de poste, nouveau refus, il faut aller dans une agence de la banque de Peter. Nous trouvons une agence Westminster, « oui c'est possible », la fille va chercher un sabot (j'y crois pas comme en France il y a 30 ans), nous remplissons les papiers et ensuite elle m'annonce quelle va téléphoner à ma banque en France pour vérifier, elle revient et là la sentence tombe implacable: « your bank says no »!!
Là je vois Peter froncé les sourcils, le flegme britannique a ses limites, je dégaine le portable et appelle ma banque, mais avec tous ces contretemps 11H05 au RU soit 12H05 en France, c'est fermé (j'ai compris ensuite que la fille de la Westminster a été dirigée sur la plate forme et pas mon agence et que celle ci n'avait pas transmis l'autorisation, j'ai une super banque n'est-il pas?)!
Fou de rage je tente de rassurer Peter en lui disant que dans une heure je rappelle la banque et que tout va s'arranger, mais je vois bien qu'il doute, alors je me jette sur le DAB et tire 200 livres par 200 livres la somme que je lui dois. Les gens regardent étonnés ce fou, moi, qui utilise le DAB comme une vulgaire machine de casino et donne à chaque fois les billets qui sortent à un monsieur qui a retrouvé son calme et compte tout en espérant comme moi que l'on va arriver au bout. Presque, ça y est, c'est fini, la machine refuse de continuer, il manque 40 livres, heureusement j'ai 50 euros sur moi et Peter pour si peu accepte l'argent de l'UE, il va assez souvent sur le continent en vacances, OUF!!!!
Peter m'indique le meilleur itinéraire pour Dover (pas celui que j'avais prévu avec via Michelin), il faut crocheter un peu par l'ouest pour avoir de bonnes routes rapides, maintenant c'est le temps des cadeaux surprises de Peter:
Le manuel du conducteur d'époque,
Le passport to Service (carnet d'entretien d'origine avec tous les services réalisés),
Le manuel Haynes,
Le catalogue Moss pièces d'origines,
Le catalogue Moss accessoires,
Une caisse de pièces contenant le démarreur d'origine, le ventilateur à visco-coupleur, 2 allumeurs complets, la boite de filtre à air d'origine, deux feux arrières neufs et plein de petites choses aiguilles de carbu, ampoules, interrupteurs...
Et un atlas complet des routes de grande Bretagne au cas où je m'égarerais dit-il en rigolant,
Bien, l'heure tourne, il faut y aller, la route est un plaisir, il fait beau, allez on décapote pour profiter des effluves printanières de la campagne anglaise à 110Km/H environ, aucun embouteillage, même sur la M25 (équivalent de la France-ilienne) au sud de Londres, j'arrive à Douvres 350Km plus tard avec encore de l'essence (parti avec ½ plein, elle consomme peu en plus), il est au alentours de 18H00 j'ai faim, rien manger depuis hier soir, j'achète quelques victuailles et décide de me rendre au port pour y attendre le départ et commencer à parcourir toute la lecture que Peter m'a laissé.
Je me positionne sur les files de la Norfolk Line et là au guichet le préposé m'indique qu'il reste de la place sur le Ferry en partance dans 45Mn et que si je veux je peux le prendre plutôt que le suivant pour lequel j'ai ma réservation, c'est super.
Arrivé à Dunkerque, maintenant attention, on roule à droite, je m'arrête pour faire le point avec la carte, je mets les warnings, quand je repars plus de clignotatnts (ça y est Lucas prince of darkness a frappé), je m'arrête, regarde les fusibles, la centrale, tripote les contacts, et ça revient, méthode: mettre les clignotants (qui ne marchent pas, vous me suivez), mettre les warnings, éteindre tout doucement les warnings, et miracle les clignotants reviennent (elle me l'a refait une fois depuis).
Autoroute du nord, ouf une station vend des cigarettes, un peu de vitesse 140Km/H au compteur en croisière et une pointe à 160, je sais c'est pas raisonnable, mais je n'y résiste pas, ah oui les péages, pas le choix faut descendre!!
4H00 j'arrive devant chez moi (94 sud-est de Paris), tout c'est bien passé, mais je suis crevé.
THE END ...
Mais l'aventure continue ..